Un après-midi ensoleillé, plutôt rare en ce moment, m’a donné envie de me rendre au Monastère de Dhagpo Kundreul Ling dans les Combrailles. Bien sûr, chacun sait ici que ce monastère bouddhique existe, chacun a déjà vu de nombreuses photos sur Internet du temple très coloré. Il dénote avec l’ambiance encore très verte de la campagne environnante.
J’avais dans l’idée de prendre en photo les nombreuses statues de Bouddha positionnées dans des petites alcôves sur les murs. Il y en a un nombre considérable. Et puis finalement, rien ne s’est passé comme prévu. Le temple, bien qu’accessible à tous (le monastère étant lui, réservé aux initiées uniquement) est circonscrit à l’entrée. Impossible de déambuler comme cela était possible avant la Covid. Il me fallait bien faire contre mauvaise fortune, bon cœur. Je décidais de profiter de l’atmosphère particulière du lieu, propice à la réflexion, voire à la méditation. Méditer pour moi consiste à se poser, ne rien faire que réfléchir en essayant de ne pas trop laisser mes yeux m’embarquer ailleurs tant les sollicitations du temps sont nombreuses pour un novice, couleurs gaies, motifs très variés, statuts de Bouddha, peinture, etc. L’occasion aussi de réfléchir à ce peuple tibétain, un peuple spirituel, accueillant, tourné vers les autres et plutôt inoffensif. Je me suis remémoré cette phrase :
» Quelle que soit votre vénération pour les maîtres tibétains et votre amour pour le peuple tibétain, ne dites jamais du mal des Chinois. Le feu de la haine ne s’éteint que par l’amour, et si le feu de la haine ne s’éteint pas, c’est que l’amour n’est pas encore assez fort «
Si elle illustre la pensée ou la spiritualité tibétaine, c’est impensable d’avoir quasiment annihilé cette culture et ses croyances.
Perdu dans les méandres de mes pensées, je n’ai pas vu entrer un couple de personnes d’origine tibétaines, religieux et pratiquant ainsi que leur accompagnant. Entre masque, distanciation sociale et respect du lieu, la conversation s’est engagée avec leur accompagnant. C’est génial parfois les rencontres. Originaire de Noyant sur Allier, il connaissait bien le monastère, c’est un des centres bouddhistes d’Europe … Un lieu de spiritualité ouvert à tous, en particulier aux laïques. Il est possible de venir méditer seul ou en groupe, mais pour un minimum de trois mois au moins. J’ai eu de nombreuses explications sur le monastère, comme cette prière de fin de journée dans un autre lieu que le temple lui-même. Nous nous y sommes rendus, mais nous n’avons pu y assister à cause de la Covid. Et sur le Bouddhisme également. Il m’a précisé que la dame qu’il accompagnait était une moniale, une moine bouddhiste.
En parlant de la charge spirituelle importante qui se dégage de ces lieux, il m’a confié une anecdote. Il a eu l’occasion d’avoir entre les mains, quelques secondes, une statue de Bouddha offerte par le sultan du Sikkim à Alexandra David-Néel. Cette statuette avait été offerte à Alexandra David-Néel par le Sultan du Sikkim. Elle avait refusé ce cadeau qu’elle pensait ne pas mériter et pour ne pas froisser la bienveillance de son hôte, elle avait proposé de le prendre en prêt. Charge à elle de le rendre 80 ans plus tard ! Elle est morte à 101 en 1969. Elle avait expressement demandé à son entourage que la statue de bouddha soit rendue au Sultanat du Sikkim au bout de incroyable prêt. C’est donc Marie-Madeleine Peyronnet qui s’en est chargée. Cette dame a accompagné les dix dernières années de la vie d’Alexandra David-Néel. C’est en Inde, au cours de ce périple de retour, suivie par une nuée de journalistes et, photographes et vidéastes que mon interlocuteur du jour a eu la chance de la croiser et d’échanger avec elle. Également de prendre queqlues instants entre ces mains cette statue. Il émanait de ce bronze une force vibratoire de bonté très forte. Et la statue a poursuivi son périple jusqu’à son lieu originel. J’ai trouvé une référence à cette histoire sur la page Facebook Alexandra David-Néel Association avec une photo de la statue (voici le lien). Il existe également un film de ce périple effectué par Madame Peyronnet.
J’ai terminé cette après-midi riche en découvertes et rencontres auprès des drapeaux de prières tibétains. Dans l’énumération des choses à voir dont la bambouseraie pour laquelle j’ai apprécié le calme et la sérénité, j’avais noté dans un coin de ma tête, les drapeaux de prières. Je ne sais pas vous, mais lorsque je pense à l’Himalaya, au Tibet, au Népal, les images qui me viennent de suite à l’esprit sont ces drapeaux de prières colorés auquel le vent n’a de cesse de leur donner vie. Ils occupent curieusement depuis longtemps mon imaginaire. Mon imaginaire photographique, car c’est une photo que je rêve de réaliser un jour. Il y a des envies comme celles-ci qui permettent de garder la flamme allumée.
Quelques liens pour comprendre les drapeaux de prières (il en existe beaucoup d’autres) :
Linda Bortoletto (prenez du temps pour découvrir son histoire et ses périples, un personnage incroyable)
Voir la série de photos : galerie Monastère Dhagpo Kundreul Ling
ENGLISH VERSION
A sunny afternoon, rather rare at the moment, made me want to go to the Dhagpo Kundreul Ling Monastery in the Combrailles. Of course, everyone here knows that this Buddhist monastery exists, everyone has already seen many photos on the Internet of the very colorful temple. It stands out with the still very green atmosphere of the surrounding countryside.
I had in mind to take pictures of the numerous Buddha statues positioned in small alcoves on the walls. There is a considerable number of them. And then finally, nothing happened as planned. The temple, although accessible to all (the monastery being reserved for the initiated only) is limited to the entrance. Impossible to walk around as it was possible before the Covid. I had to do against bad luck, good heart. I decided to take advantage of the particular atmosphere of the place, favourable to reflection, even to meditation. To meditate for me consists in settling down, in doing nothing but thinking while trying not to let my eyes take me elsewhere so much the solicitations of time are numerous for a novice, cheerful colors, very varied motives, statutes of Buddha, painting, etc. It was also an opportunity to reflect on the Tibetan people, a spiritual people, welcoming, turned towards others and rather harmless. I remembered this sentence:
« No matter how much you revere the Tibetan masters and love the Tibetan people, never speak ill of the Chinese. The fire of hatred can only be extinguished by love, and if the fire of hatred is not extinguished, it is because love is not yet strong enough. »
If it illustrates Tibetan thought or spirituality, it is unthinkable to have almost annihilated this culture and its beliefs.
Lost in the meanders of my thoughts, I did not see a couple of people of Tibetan origin, religious and practicing as well as their companion enter. Between mask, social distancing and respect of the place, the conversation started with their companion. It’s great sometimes to meet people. Originally from Noyant sur Allier, he knew the monastery well, it is one of the Buddhist centers in Europe… A place of spirituality open to all, especially to lay people. It is possible to come to meditate alone or in group, but for a minimum of three months. I had many explanations about the monastery, like this prayer at the end of the day in another place than the temple itself. We went there, but we could not attend because of the Covid. And about Buddhism too. He told me that the lady he was accompanying was a Buddhist monk.
Talking about the important spiritual charge which emanates from these places, he confided me an anecdote. He had the opportunity to hold in his hands, for a few seconds, a statue of Buddha offered by the Sultan of Sikkim to Alexandra David-Néel. This statue had been offered to Alexandra David-Néel by the Sultan of Sikkim. She had refused this gift, which she thought she did not deserve, and in order not to offend her host’s benevolence, she had offered to take it on loan. It was up to her to return it 80 years later! She died at 101 in 1969. She had expressly asked her entourage that the Buddha statue be returned to the Sultanate of Sikkim at the end of an incredible loan. Marie-Madeleine Peyronnet took care of it. This lady accompanied Alexandra David-Néel for the last ten years of her life. It was in India, during this return journey, followed by a swarm of journalists, photographers and videographers that my interlocutor of the day had the chance to meet her and to exchange with her. Also to take that few moments in his hands this statue. It emanated from this bronze a very strong vibratory force of goodness. And the statue continued its journey to its original place. I found a reference to this story on the Facebook page Alexandra David-Néel Association with a photo of the statue (here is the link). There is also a film of this journey made by Madame Peyronnet.
I ended this afternoon rich in discoveries and encounters near the Tibetan prayer flags. In the enumeration of the things to see of which the bamboo grove for which I appreciated the calm and the serenity, I had noted in a corner of my head, the flags of prayers. I don’t know about you, but when I think of the Himalayas, Tibet, Nepal, the images that immediately come to mind are these colorful prayer flags that the wind keeps bringing to life. They have curiously occupied my imagination for a long time. My photographic imagination, because it is a photo that I dream to realize one day. There are desires like these that keep the flame burning.
Some links to understand prayer flags (there are many others) :
Linda Bortoletto (prenez du temps pour découvrir son histoire et ses périples, un personnage incroyable)
See the series of photos: gallery Dhagpo Kundreul Ling Monastery
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